Jean-Philippe Priotti, « Une Europe des affaires (XVIe-XVIIIe siècles) : mobilités, échanges et identités », Peter Lang, 2018, 292 p.

À la fin du Moyen Âge, les échanges commerciaux européens se sont intensifiés en Europe et ont pris une ampleur mondiale avec l’expansion portugaise puis espagnole. Les acteurs de l’économie ont dès lors connu une plus grande mobilité, et les intermédiaires du négoce se sont multipliés. Dans leurs déplacements, marchands, marins et banquiers se sont appuyés sur des groupes de compatriotes déjà établis à l’étranger. Ces liens fondés sur une commune origine ne font pourtant pas des communautés marchandes ni des groupes isolés de leur société d’accueil ni les agents d’une influence étrangère. Alors que l’Europe est morcelée, tous ceux qui participent au commerce sont engagés dans des contacts multiples et franchissent ses multiples frontières. Ils se trouvent fréquemment en situation de compromis, d’engagement et de manipulation, entre patrie d’origine et patrie d’accueil.

Bruno Béthouart, Régis Brunet & Jean-Pascal Gay (dir.), Figures de David d’hier à aujourd’hui (Actes de la XXVIe université d’été du Carrefour d’histoire religieuse, Bruxelles, 11-14 Juillet 2017), Les Cahiers du Littoral 2-16, Dunkerque, 2018, 269 p.

Cette 26e université d’été du Carrefour d’histoire religieuse, consacrée aux « Figures de David d’hier à aujourd’hui », sort des sentiers battus, des sujets classiques et s’attaque à un thème biblique selon le voue des professeurs Régis Burnet et Jean-Pascal Gay, en accord avec l’université de Louvain.

Le sujet est abordé de manière multiple, pluridisciplinaire : l’histoire dans ses différentes périodes entre en dialogue avec l’exégèse, la reine des sciences, la théologie, la patristique, la musicologie, le 7e art, la bande dessinée. Cette session ressemble davantage à un festival estival, un feu d’artifice qui s’accommode bien avec la notion de carrefour d’histoire religieuse puisque celui-ci est un endroit où les chemins se rencontrent.

Possibilité de commander auprès de corinne.rameau@univ-littoral.fr
Laureano Montero, Carl Vetters & Shannon Wells-Lassagne, avec Bénédicte Brémard, Julie Michot & Isabelle Schmitt, dir., On the Road Again… Quand le cinéma reprend la route, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2018, 162 p.

Dès sa naissance, le cinéma est voyageur : attraction foraine avant de se muer en 7e art, fenêtre sur le monde, il embarque le spectateur dans des voyages immobiles. Que reste-t-il de ces origines voyageuses ? On retrouve souvent aujourd’hui à l’écran des voyages verticaux vers un ailleurs intérieur – utopique ou uchronique – : chez Walter Salles, Atom Egoyan, Ismaël Ferroukhi, Tommy Lee Jones, Sean Penn ou dans les séries télévisées qui jouent sur un autre paysage, celui de la mémoire du spectateur. À contre-courant des rêves des hippies, pourtant à l’origine du road movie, les films de route vont parfois de pair avec la quête d’une place dans la société ; partir Into the Wild pour mieux revenir, tel semble être l’itinéraire des nouveaux Don Quichotte, toutes cinématographies confondues. Les analyses réunies dans ce volume se penchent sur la persistance du road movie ainsi que sur sa réactualisation, en parcourant le cheminement, les bifurcations et les voies de traverse suivis par le genre.

Bénédicte Brémard, Julie Michot & Isabelle Schmitt, avec Laureano Montero, Carl Vetters & Shannon Wells-Lassagne (dir.), Sur la route… Quand le cinéma franchit les frontières, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2018, 176 p.

Des États-Unis à l’Argentine, de la Colombie à l’Iran, il n’est de cinématographie au monde qui ne fasse la part belle au voyage, que celui-ci représente un élément scénaristique ou la notion de franchissement des frontières géographiques, esthétiques ou éthiques (transgression). De la rue à la route, des rails à l’espace, des bikers aux fugitifs, des travellings aux pauses contemplatives, les façons de filmer le voyage sont multiples et ne cessent d’évoluer, comme autant de reflets du monde moderne, pris entre la facilité de communiquer et de se déplacer et le désir de fuir pour retrouver une nature rêvée. Conquête de l’Ouest ou de l’espace, quête de l’El Dorado ou sortie de route, voyage en solitaire ou portrait de groupes multilingues, la route au cinéma trace des croisements et des itinéraires communs entre Kubrick, Spielberg, Eastwood, Sorín ou Panahi. Les analyses réunies dans ce volume dépeignent les constantes et les variantes du road movie d’Hollywood à Téhéran, des années 1940 à nos jours.

Jean Devaux et Matthieu Marchal (éd.), L’art du récit à la cour de Bourgogne : l’activité de Jean de Wavrin et de son atelier. Actes du colloque international organisé à l’Université Littoral Côte d’Opale, Dunkerque, 24-25 octobre 2013, Paris, Honoré Champion, 2018 (Bibliothèque du XVe siècle, 84), 400 p.

Jean, bâtard de Wavrin (ca 1400-1475), fut tout à la fois homme d’armes et diplomate au service du duc de Bourgogne Philippe le Bon, mais aussi chroniqueur et amateur de livres. Conçu dans une perspective interdisciplinaire, aux confins de la philologie, de l’histoire et de l’histoire de l’art, le présent ouvrage vise à éclairer d’un jour nouveau le véritable foyer littéraire et artistique dont ce seigneur bourguignon fut le maître d’œuvre et la remarquable impulsion donnée par la cour de Bourgogne à l’évolution de l’art du récit.

Antéparadis, trad. en français d’Anteparaíso de Raúl Zurita par Laëtitia Boussard et Benoît Santini, Paris, Classiques Garnier, coll. « Littératures du monde », n° 30, 2018, 325 p.

Assortie d’un avant-propos, d’une bibliographie, d’un index des noms de lieux, de personnes et d’œuvres ainsi que d’une chronologie et de notes traductologiques, la traduction Antéparadis chante les espaces en mouvement (plages, cordillères) et les épisodes de séparation, quête et retrouvailles avec la femme aimée, allégorie du Chili, au moyen de jeux langagiers et innovations formelles créés par une voix majeure de la littérature latino-américaine contemporaine.

Gabriela Mistral. De désolation en tendresse (Anthologie de poésie et prose), trad. en français par Laëtitia Boussard et Benoît Santini, Éditions Caractères, collection Planètes, février 2018, 249 p.

Cette anthologie propose poèmes et textes en prose représentatifs de la production de Gabriela Mistral (Chili, 1889-1957), Prix Nobel de Littérature (1945), institutrice puis diplomate, éternelle voyageuse à travers le monde. On y retrouve des textes pédagogiques, sur l’enfance, la figure maternelle, la ruralité, l’espace naturel chilien, la dialectique vie-mort, l’amour, la religion, le passé et le présent du continent latino-américain, donnant un aperçu de la richesse d’une œuvre prolixe et multiple, protéiforme et hybride, n’ayant pas encore livré tous ses secrets.